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Le visage de l'usure bancaire sous le couvert de la charia

Aceh, Indonesia - Quelle est la différence entre un contrat d'ijarah, de murabahah ou de musyarakah si même un caissier d'une banque islamique interprète « ijarah » comme un chiffon mouillé ?


Un léger rire a accompagné la déclaration de Tengku H. Faisal Ali, président de la MPU d'Aceh, à Lhoksukon : Bank Aceh et BSI étaient qualifiées de « converties » qui étudiaient encore l'islam. Mais les rires se sont estompés lorsque la réalité a frappé : deux des plus importantes institutions financières d'Aceh, toutes deux étiquetées comme soumises à la charia, étaient critiquées pour la mauvaise gestion de leurs plans de financement. La rhétorique de dignitaires religieux laissait entendre que se couvrir de charia ne met pas nécessairement fin à la pratique de l'usure, pourtant interdite par le Coran.

La muamalah n'est pas une honte en soi, mais plutôt une faille fondamentale dans l'application de la charia. Le système bancaire islamique devrait être exempt d'intérêts, d'incertitude et de spéculation. Cependant, un problème est apparu lorsque les habitants du nord de l'Aceh se sont interrogés : quelle est la différence entre les contrats d'ijarah, de murabahah ou de musyarakah, si même le caissier d'une banque islamique interprète « ijarah » (en Aceh) comme un chiffon mouillé ?

Une banque islamique idéale respecte les principes de l'éthique économique islamique : l'argent ne fonctionne que comme un moyen d'échange et n'est pas négocié comme une marchandise comportant des éléments de gharar (incertitude) ou de maysir (spéculation). La mise en œuvre des contrats de murabahah (vente et achat sur marge) et de mudharabah (partage des bénéfices) doit être transparente et équitable pour toutes les parties.

La loi n° 21 de 2008 stipule qu'une banque islamique est une institution financière qui mène ses activités conformément aux principes de la charia et n'utilise pas d'intérêts dans ses opérations. L'interdiction de l'usure, mentionnée dans la sourate Al-Baqarah (verset 275), souligne une fois de plus que l'intérêt, et non le partage des bénéfices, est à l'origine de l'injustice financière condamnée par le Coran.

Les données de l'Autorité des services financiers (OJK) montrent que le secteur bancaire islamique national connaît une croissance rapide, avec des actifs en hausse d'environ 15 % par an. Cependant, à Aceh, l'accélération de l'apprentissage de la charia est freinée par une culture interne de conversion : les employés de longue date, habitués aux systèmes conventionnels, n'ont pas été pleinement formés aux principes de l'ushul fiqh muamalah.

Lorsque l'image et la réalité s'affrontent, les clients en subissent les conséquences. La confusion du public concernant les systèmes de financement alimente les rumeurs selon lesquelles les contrats de la charia ne seraient qu'un appât du gain, tandis que les intérêts conventionnels seraient transférés secrètement sur la marge de la banque. Cette faille a donné naissance à l'étiquette de « riba caché ».

Une réforme structurelle est absolument nécessaire. Le Conseil de surveillance de la charia (CSC) de Bank Aceh et de BSI devrait essentiellement garantir le caractère halal des produits et la qualité de l'enseignement interne de la charia. Cependant, cette fonction de supervision n'est efficace que si elle s'accompagne d'un engagement à dispenser une formation complète, des directeurs aux agents de terrain, aux mécanismes de la murabahah, de la musyarakah, de l'ijara et de l'istisna, conformément à l'école de pensée chaféite et aux principes de l'ushul fiqh muamalah.

Le retard dans l'émission d'une fatwa faisant autorité au niveau de l'UPM d'Aceh non seulement affaiblit la position des banques islamiques locales, mais ébranle également la confiance du public. Sans avis juridique clair, le consensus d'Aceh sur l'application de la loi islamique dans tous les secteurs deviendra un simple jargon politique. Cela risque de détourner la confiance de la communauté vers des alternatives non charia, voire vers des institutions informelles susceptibles d'être exploitées.

Cette critique n'est pas une pique. En fin de compte, une question morale se pose : si elles se font passer pour la charia mais vendent de l’usure sous couvert de contrats, quelle est la différence avec les banques conventionnelles ? Cessons de rire à la légère. La charia n’est pas un statut qui autorise des erreurs permanentes. La charia est un appel à l’éthique, une exigence de justice et une promesse de prospérité partagée.

Avons-nous formé les futurs employés des banques islamiques à une jurisprudence islamique faisant autorité ? Les fatwas locales relatives à la charia ont-elles apporté une sécurité juridique, ou ne s’agit-il que de simples démonstrations cérémonielles ? Nous ne devons pas permettre à Bank Aceh et BSI de se faire passer pour la charia pour un drame de l’usure. Réfléchissons : la justice financière exige plus que le nom de « charia » : elle exige un véritable transfert de valeur dans chaque transaction. Pour que nous tous (banques et clients) soyons en sécurité ici-bas et dans l’au-delà.

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